Démarche

Ma démarche s’appuie sur une pratique quotidienne du dessin. Une pratique qui ne nécessite que peu de moyens mais permet de penser des échelles infiniment petites et infiniment grandes. Le geste suit un héritage immense et voudrait en même temps s’en défaire. Pour un artiste, il y a une injonction à l’originalité difficile à tenir, compte tenu de la richesse de ce qui a déjà été fait. Je me suis affranchi de cette question en dessinant des structures.
J’ai commencé en pensant qu’avec le dessin le geste pourrait imprimer un mouvement aux structures, plutôt que l’inverse. Puis, ce qui se joue dans l’espace de la feuille entre le geste et la structure, je souhaite que cela déborde du cadre d’un travail solitaire.

Avec le regard d’abord. Ces structures sont spéculatives, elles ne correspondent a priori à aucune observation. Pourtant, l’idée de structure appelle un lien avec la réalité. Un regard topologique, architectural, moléculaire, etc. pourra a posteriori créer ce lien. Le regard offre une dynamique pour sortir du cadre graphique.

Progressivement j’ai souhaité transcrire ces dessins dans l’espace et le temps. J’ai trouvé à le faire en réalisant un dispositif que je nomme : « structure musique ». Le dispositif est constitué d’une application, qui permet de jouer les dessins à partir d’un ordinateur et de plusieurs volumes pour diffuser le son, à mi chemin entre la sculpture et la lutherie. Le principe du dispositif prend différentes formes en fonction des contextes pour résonner avec les rythmes, les usages et l’histoire des lieux. Si le dispositif peut être réglé comme une horloge, je le souhaite ouvert à d’autres gestes. Ainsi les dessins réussissent à créer un lieu commun pour travailler avec les musiciens. Régulièrement nous expérimentons des situations qui amènent à composer le rythme de la machine avec le geste instrumental. Tracer une droite avec la main et conformer son geste à l’instrument. Entre les éléments programmés, la technique, les structures variables comme la résonance des lieux ou bien l’écoute des personnes, leurs circulations, les formes écrites et induites par les instruments et les événements spontanés ; les structures se superposent jusqu’à former un assemblage complexe. On ne reconnait plus l’origine des sons. Tout est à la fois claire et confus. L’expérience acoustique bien que liée à l’idée de structure échappe à une perception fini du mouvement et des gestes.

août 2017